COP25 : ces pays qui refusent (encore) de prendre des engagements pour le climat

  16 Décembre 2019    Lu: 1565
 COP25 : ces pays qui refusent (encore) de prendre des engagements pour le climat

OSCAR DEL POZO / AFP

La conférence climat de l'ONU qui s'est terminée dimanche 15 décembre n'a pas été à la hauteur de l'urgence climatique. Les pays réunis ont adopté un accord a minima, sans s'entendre sur des points essentiels en raison des réticences de certains Etats.

Au terme de deux semaines de négociations difficiles, la conférence organisée à Madrid a échoué à trouver un accord sur les règles des marchés carbone internationaux, le fameux «article 6» et dernier volet du manuel d'utilisation de l'Accord de Paris de 2015.

«Les principaux acteurs dont on espérait des avancées n'ont pas répondu aux attentes», a déclaré Laurence Tubiana, architecte de l'Accord de Paris. Environ 80 pays se sont engagés à relever leurs engagements, mais ils ne représentent qu'environ 10% des émissions mondiales.

Pendant ces deux semaines de réunion, la plupart des grands pays émetteurs de gaz à effet de serre n'ont pas montré la volonté de faire plus et plus vite contre le réchauffement de la planète, qui amplifie partout tempêtes, canicules ou inondations. Quasiment aucun n'a fait d'annonce significative pour rehausser ses ambitions. Il s'agit des Etats-Unis qui quitteront l'accord de Paris en novembre prochain, mais aussi de la Chine, de l'Inde, du Brésil, du Japon ou de l'Australie.

Dans un communiqué commun, la Chine, l'Inde, l'Afrique du Sud et le Brésil soulignent que les «lacunes d'avant 2020 (...) doivent être évaluées et comblées, sans transférer aucune charge aux pays en développement». En clair, c'est aux pays dits «développés» d'assurer l'essentiel des charges de la transition énergétique. Il y a «deux visions» très claires, a résumé la ministre espagnole de l'Environnement Teresa Ribera. «Ceux qui veulent aller plus vite et ceux qui veulent se retrancher derrière ce qui ne fonctionne pas, afin de ne pas avancer».

Les marchés carbone dans l'impasse
Dans le collimateur des défenseurs de l'environnement, l'Arabie saoudite, la Brésil, la Chine et l'Australie sont accusés de vouloir introduire des dispositions décriées dans les règles sur les marchés carbone.

C'est l'article 6 de l'accord de Paris qui doit régler la question des marchés carbone. Cet article est censé régir la transformation du système mis en place en 1997 par les accords de Kyoto.

Le protocole de Kyoto créait un marché d'émission de CO2 : il permet aux pays les moins pollueurs de revendre des quotas à ceux émettant plus. Seulement deux éléments ont conduit à faire échouer les négociations.

D'abord, la question du «double comptage». La Chine, l'Inde, le Brésil et l’Arabie saoudite ont fait pression jusqu'au bout pour la double comptabilité des crédits carbone.

Le problème est qu'une telle disposition conduirait à compter deux fois les réductions d'émission. Une fois du côté des pays vendeurs de crédits, une autre du côté du pays acheteurs. Un pays vendeur comptabiliserait ses réductions de CO2 dans son objectif climatique, puis vendrait son crédit qui, une fois acheté, sera une deuxième fois comptabilisé dans les objectifs du pays acheteur.

Or si une tonne de réduction de CO2 est comptée à la fois par l'acheteur et le vendeur, les réductions seront plus importantes sur le papier que dans la réalité.

L'autre point qui a suscité l'opposition de certains pays : le sort des reliquats des crédits carbone issus du mécanisme de Kyoto. La Chine, l'Inde et le Brésil détiennent 60% des crédits, et ces pays ne souhaitent donc pas les perdre. Or, côté européen, on souhaitaient surveiller le reversement de ces crédits, parfois mal contrôlés, dans le nouveau marché carbone.

Nombre d'observateurs ont au contraire souligné le rôle positif de l'UE qui a endossé cette semaine à Bruxelles l'objectif de neutralité climatique d'ici 2020, malgré les réserves de la Pologne.

«Ces discussions [à la COP] reflètent le décalage entre les dirigeants d'un côté et l'urgence montrée par la science et les demandes des citoyens dans les rues», a résumé Helen Mountford, du think tank World Resources Institute, estimant que l'esprit de l'Accord de Paris n'était désormais plus qu'un «lointain souvenir».

Par Le Figaro


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